Nous ne vivons pas dans une véritable économie libérale, mais plutôt dans un capitalisme de connivence. C’est ce système qui explique pourquoi les riches sont de plus en plus riches et les pauvres de plus en plus pauvres.
L’écart de richesse croissant entre les plus fortunés et le reste de la population soulève des inquiétudes quant aux raisons profondes de cette augmentation des inégalités. Pour mieux comprendre ce phénomène, il est intéressant de se pencher sur la théorie monétaire de Richard Cantillon, un économiste du XVIIIe siècle.
Richard Cantillon, économiste irlandais du début du XVIIIe siècle, est souvent considéré comme l’un des fondateurs de l’économie politique moderne. Sa théorie pionnière de la monnaie et du crédit est restée longtemps méconnue, mais elle offre un éclairage pertinent sur les causes de cette divergence croissante entre les masses et une élite financière de plus en plus dominante.
Dans son essai “Essai sur la nature du commerce en général”, Cantillon propose une analyse globale de l’économie, mettant l’accent sur le rôle de la monnaie. Selon lui, la création monétaire par les banques entraîne mécaniquement de l’inflation, mais cette nouvelle monnaie ne bénéficie pas de manière égale à tous les agents économiques.
Cantillon soutient que la création monétaire crée mécaniquement des gagnants et des perdants. Les banques centrales ont la capacité de créer de la monnaie ex nihilo, c’est-à-dire sans contrepartie en actifs réels. Cela entraîne des effets redistributifs par l’inflation différentielle que cela génère. En d’autres termes, la nouvelle monnaie créée bénéficie d’abord aux secteurs financiers et aux emprunteurs proches des banques, qui peuvent acquérir des actifs avant la hausse générale des prix. En revanche, ceux qui reçoivent la monnaie en dernier voient leur pouvoir d’achat diminuer une fois que l’inflation est installée.
Au cours des dernières décennies, les politiques monétaires ultra-accommodantes ont amplifié ce phénomène. Les banques centrales ont injecté massivement des liquidités en achetant de la dette publique et privée, favorisant ainsi les détenteurs d’actifs financiers. Les ménages modestes, quant à eux, sont souvent les plus touchés par la hausse des prix, notamment dans le secteur de l’immobilier.
Les statistiques récentes confirment les analyses de Cantillon. Aux États-Unis, par exemple, la part des 1% les plus riches dans la détention de patrimoine a considérablement augmenté depuis 2008, en particulier pour les actifs financiers. En Europe également, les inégalités patrimoniales atteignent des niveaux alarmants.
La théorie monétaire de Cantillon met en évidence les mécanismes à l’œuvre dans le système de création monétaire actuel. Elle souligne que la création monétaire, lorsqu’elle est effectuée par les banques centrales de manière discriminée, favorise principalement les secteurs financiers et les emprunteurs proches des banques. En revanche, les individus qui reçoivent cette nouvelle monnaie en dernier lieu, tels que les ménages modestes, subissent les conséquences négatives de l’inflation. Leur pouvoir d’achat diminue alors que les prix augmentent. Cette situation crée un déséquilibre économique où une élite financière devient de plus en plus dominante tandis que les masses se retrouvent dans une situation de pauvreté croissante.
Il est essentiel de repenser notre système économique et de promouvoir des politiques qui favorisent une croissance plus inclusive et réduisent les disparités économiques. La théorie monétaire de Cantillon nous invite à réfléchir aux mécanismes qui régissent notre système économique actuel et à chercher des solutions pour promouvoir une répartition plus équitable de la richesse.
Par Gérôme Jean Alain Walch
Ceo Brazil Partner Investment